Thursday, July 19, 2012

L'œnophilie un remède contre le vinisme et l'alcoolisme.

« À dose raisonnable, le bon vin est

toujours l’ami du corps et de l’âme »

Professeur Georges Pormann

Selon Martine Chatelain-Courtois auteur de « Les mots du vin et de l’ivresse ». « aucune substance consommable n’a la même complicité que le vin avec la parole. Non seulement il délie les langues, en rendant les buveurs bavards ou poètes selon leurs talents, mais il est aussi le seul produit dont la consommation exige un commentaire, puisque savoir le boire revient à savoir en parler.

Les Français sont parmi les plus gros consommateurs de vin au monde. C’est au cours du XIXe siècle que la nation tout entière devient ŒNOPHILE. Il y a une grande différence entre l’œnophile et le buveur. L’œnophile parle du vin avec amour, le buveur parle de son vin, de son ivresse. Pour lui, « La sècheresse est le martyr du gosier sec » dit-on. Mais « La pensée se fait dans la bouche » disait Tristan Tzara. « On dit que la France compte beaucoup d’ivrognes; on n’y rencontre heureusement pas d’alcooliques » selon (Joseph Reinach ). Livré en barrique, débité à la bouteille ou au verre, le vin peut désormais en France orner la table de l’ouvrier comme celle du bourgeois. Dans le concert de louanges au vin, notre boisson quotidienne a de l’influence sur notre caractère, nos aptitudes, notre manière d’être générale. Jamais un Munichois ne pensera et n’agira comme un Gascon. Il y aura toujours la différence, qu’il y a entre un verre de bière et un verre de Médoc… Les Français, en effet, refusent de considérer l’alcoolisme comme un travers national. Pour eux, l’ivrogne est sympathique, tandis que l’alcoolique, méprisable, et dangereux. L’Académie de médecine, dans un avis du 10 août 1915 considère d’ailleurs que la norme tolérable de consommation se situe autour de 50 à 75 centilitres de vin pris au repas. Dans les années 1930, se constitue une solide association, les Médecins amis du vin… dans la région de Bordeaux. J’ai eu l’honneur de rejoindre en janvier 1971, cette prestigieuse et très crédible association nationale et même internationale. C’est donc sous l’égide de personnages célèbres et raffinés que les faits et gestes du savoir-boire avec modération, me furent enseignés pour aller prêcher par la suite, l’art de l ‘œnophilie dans la Belle Province du Québec. Mes parrains pour « l’Ordre du Mérite Œnophile » furent entre autres Georges Portmann, Membre de l’Académie de Médecine, Président du comité médical international pour l’étude scientifique du raisin et du vin et de la société des « Médecins amis du vin de France » et le docteur Jean-Max Eylaud Secrétaire Général. C’est un 22 janvier 1971, au 119 rue Frère à Bordeaux, capitale mondiale du vin et au domicile du poète vigneron l’ami Eylaud que cette fondation bachique eu lieu. C’est ainsi que je fus élu Grand Chancelier et mis en contact à Montréal, avec le docteur Samuel Letendre, Président de « l’Association des Médecins Canadiens Amis du Vin de France ». Ma mission était de regrouper tous les professionnels amateur de vin n’exerçant pas la profession médicale qui aime et honore le vin bien entendu de France. Notre approche, étant l’ABC et la différence entre déguster et boire, entre boire et avaler, puis le vinisme et l’alcoolisme. Car nous avions aussi pensé à ceux qui n’avait jamais consommé de vin. Sans prétention, je savais pour l’avoir parcouru que la France est le grand vignoble d’une variété infini de qualité. Il n’est plus aujourd’hui malgré la concurrence, une nation qui ignore les vins français et qui ne les apprécie.

En exportant ses exquises variétés de vins, c’est un peu de sa gaîté et de sa culture que la France envoie de par le monde. Dans nos conférences, nous montrions les vignobles qui soulignent les plus beaux paysages. Nous montrions que chaque fromage a son vin ou ses vins, puisqu’il n’y a que mille fromages en France tandis qu’il y existe plus de cinq mille vins. Nous expliquions que dans le savant mot « ŒNOPHILE » il y a la sagesse, la retenue en dégustant avec l’art et la manière de « Mirer ! Humer ! Goûter ! Extase ! ». Les autres approches étaient nombreuses par exemple du Bourguignon Henri Béraud : « Boire c’est la vie; taster c’est la science; en parler c’est l’art ». Nous expliquions régulièrement que selon le mot de Georges DUHAMEL : « L’alcool n’est pas tout le vin, il en est le squelette ». « Le vin est à la table, ce que la fleur est au jardin » cette citation du docteur Tant était mon dicton favori. Non le pays d’où je viens, la France et sa région du Sud-Ouest ne sont certainement pas des alcooliques ni des ivrognes. Dans son évolution gastronomique, mon beau et vieux pays la France applique la sage devise « Il faut boire peu et bien pour être heureux » depuis les derniers 40 ans on privilégie la qualité à la quantité. En 2012, la consommation s’élève officiellement à 40 litres par habitant et par année. Nous expliquions aussi les effets du vin, indissociable de son histoire : « l’ivresse, mère du souvenir et de l’oubli. L’ivresse abolit la frontière entre le corps et le monde, elle ouvre la bouche, gauchit les gestes, brouille le regard et va parfois contre l’ordre de la civilité cul par-dessus tête ». Dans mes stages avec l’ami et docteur J.-M. Eylaud, j’avais retenu que « un litre de vin de dix degrés correspond comme nourriture à 900 grammes de lait ou 370 grammes de pain ou 585 grammes de viande ou 5 œufs ». Les abstinents, ces « buveurs d’eau », sont réputés intolérants, tristes, voire asociaux. Que dire de leurs influence, la sagesse et la consommation d’eau gourmande individuelles par personne et par jour en France est de 2 litres. Enfin « Le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons ». Le vin en France est considéré comme une boisson naturelle favorable à l’hygiène, tandis que l’alcool et les spiritueux artificiels sont jugés dangereux à la santé publique. D’ailleurs, le docteur J.-M. Eylaud avait observé que les régions viti-vinicoles sont moins atteintes par l’alcoolisme que les régions non productrices de vin, en France tout au moins. Non, en France, il n’y a pas place pour l’alcoolisme, mais plutôt quelques individus atteint du vinisme. « Ami du vin, prend garde à femme vigilante, si tu rentres tard, avec forte dose de vinisme, qu’un rouleau à pâtisserie exagère la tache rouge de ton nez ». En étudiant l’esthétique du vin et son apport alimentaire, j’avais remarqué que le contraire de sa valeur de beauté ne pouvait que conduire vers le vinisme .

« VINISME : Forme d’alcoolisme due uniquement à la consommation excessive de vin où à la fragilité organique de certains individus. Si l’on voit parfois du vinisme dans les pays producteurs de vins, on y voit moins d’alcoolisme vrai et l’évolution de cette maladie est moins dramatique que celle de l’alcoolisme dû à l’excès de boissons à base d’alcool pur obtenu par la distillation même du vin » (Extrait du GLOSSAIRE VINEUX du Docteur EYLAUD ).

A Bordeaux, on rencontre beaucoup de gens surtout parmi les viticulteurs et les négociants. Ils vous affirmeront qu’ils ne boivent pas. Pourtant ils aiment tous boire, mais selon les règles du « savoir-boire ». En effet, « boire » c’est absorber beaucoup de vin, d’apéritif et d’alcools. « boire », c’est le contraire de « savoir-boire » et cela conduit à l’intempérance. Dans la science œnophile, il y a le goût et l’odorat. « Le goût et l’odorat sont les sens les plus sollicités par le vin. Ce sont les sens du souvenir. Si je vous dis « odeur de truffes » et que vous fermez les yeux, vous voyez immédiatement apparaître le tableau du marché aux truffes de votre enfance. Et bien c’est exactement la même chose pour le vin et ses arômes. Avec de telles images, il n’y a pas de risque pour le vinisme ni l’alcoolisme. Le savoir-boire nous forme à la prudence et à la modération.