Friday, December 16, 2016

TOURISME ACCESSIBLE ET TRANSPORT ADAPTÉ AU PAYS DU BIEN BOIRE ET BIEN MANGER, LE PÉRIGORD - 2ème Partie


« Le Périgord… un Paradis tentateur
où la gourmandise n’est jamais punie ni déçue. »
                                                                        La Mazille 

« Nous devons apprendre à vivre ensemble 
comme des frères, sinon, nous allons mourir 
ensemble comme des idiots. »
                                                           Martin Luther King

A Montréal on nous avait prévenu, attention au proverbe français! « En France c’est avec ses dents qu’on creuse sa tombe ». Oui, personnellement je le savais, il est vrai que notre mode de vie au Québec est plus sage, même en évitant la « Malbouffe ». Informé de l’existence du jumelage Repentigny-Bergerac et encouragé par des magazines de « Kéroul » Isabelle Ducharme infos@keroul.qc.ca  , tels que « Le baladeur ». Nous avons osé préparer un voyage au pays de mes origines, le Périgord. 

Au départ le projet s’est développé  avec « Atout France,  opérateur unique de l’état en matière de tourisme, est chargé d’assurer le développement de l’industrie touristique, premier secteur économique français.» 

Voici un rapide topo sur la maladie génétique neurologique de mon épouse Claire THÉBERGE, membre de cette figure de proue qu’est devenu « KÉROUL ». 
Claire est également membre de la Société canadienne de la sclérose en plaques. Info.qc@scleroseenplaques.ca .

La veille de son 65e anniversaire, Claire apprend le résultat du terrible test de diagnostic du handicap de la sclérose en plaques. C’est un véritable choc dans le couple. Je me souviens, nous nous sommes longuement regardé les larmes aux yeux, puis nous nous sommes pris dans les bras l’un de l’autre, nous serrant très fort. Mais comme l’amour avait fait les premiers pas! 

Claire, plus que jamais est et restera ma femme chérie, encore plus près de moi et de mon cœur. Selon les paroles sages de ma regrettée mère qui disait :  « Dans un ménage quand il y a une personne handicapée, il ne faut pas voir le diable, mais bien les anges. » 

Il faut réapprendre à « laisser le temps au temps ». Dans la maison elle est assez autonome et elle se déplace en marchette ou en déambulateur et quelquefois en fauteuil roulant avec un accompagnateur. Elle ne peut se déplacer seule. Je suis son mari et aussi son proche-aidant. À l’extérieur pour effectuer de longues distances en fauteuil roulant, j’assiste mon épouse.

Carte du Périgord, ancienne province, le département 
de la Dordogne est situé dans la région de l’Aquitaine

Nous avons décidé de préparer ce voyage au service du tourisme et de la culture pour personnes à capacité physique restreinte, destination le Périgord. Coïncidence, un heureux événement m’y appelait, celui d’être élu membre correspondant au sein de la prestigieuse « Académie des lettres et des Arts du Périgord ». 
Oui, dans notre histoire d’amour et de couple il y a eu trois voyages en France en passant par ce Sud-Ouest et bien entendu à Bergerac. Celui-ci, notre quatrième s’est effectué avec l’héritage de la mobilité réduite de mon épouse pour le meilleur et non le pire.

Les voyages forment la jeunesse,
 et au pays de Cyrano c’est bon pour le moral. 

C’est génial que le handicap de Claire Théberge ne soit pas un frein à la réalisation de notre rêve.
C’est une première avec cette maladie qui diffère beaucoup d’une personne à l’autre. Mais c’est notre première expérience avec un handicap. Notre mission au sein de ce séjour culturel et vini-gastronomique était de vérifier et de découvrir une ville avec ses difficultés et notre type de la mobilité réduite, soit à l’aide d’une marchette pour l’équilibre de mon épouse Claire. De Montréal, nous avons pris le vol Air-Transat jusqu'à Bordeaux puis de Bordeaux le train vers Bergerac

Accompagnement de Claire Théberge en 
gare de Bordeaux
embarquement en direction de Bergerac

Le tout sans problème. Pour l’ensemble du voyage aérien mon épouse a bénéficié de l’aimable assistance d’une hôtesse d’Air-Transat, puis à Bordeaux nous avons obtenu l’accompagnement  de deux agents de la compagnie des chemins de fer français afin d'aider mon épouse à son embarquement à bord du train. Il en fut de même pour le retour. A notre arrivée à la Gare de Bergerac un taxi nous attendait pour nous déposer à l’hôtel qui nous avait été suggéré au centre de la ville  par le Comité Départemental du tourisme de la Dordogne à Périgueux. www.dordogne-perigord-tourisme.fr 

Notre Hôtel Spa du Commerce, trois *** étoiles, situé au 36 Place Gambetta à Bergerac, que je recommande sans hésiter même s’il n’était pas tout à fait adapté, la direction nous a offert de bons accommodements raisonnables. Je salue au passage le propriétaire Serge Mantion. Mon épouse, assez solide sur ses deux pieds, malgré sa jambe gauche faible, à force de déambuler avec sa marchette dans les rues et ruelles pittoresques, a tout de même usé en trois semaines, une paire de patins. 

J’avais pris soin depuis Montréal d’avertir la VILLE DE BERGERAC, et de prendre contact avec le transport adapté destiné aux personnes handicapées. A la Mairie de Bergerac, j’ai eu le plaisir d’être mis en relation avec le sympathique fonctionnaire M. Gilbert Blanc, conseiller municipal délégué aux affaires sociales. gilbert.blanc@mairie-bergerac.fr. Lequel alerta son collègue M. Simionati  des Transports urbains Bergeracois. Avec mon épouse Claire Théberge, nous avons eu l’invitation de parcourir la magnifique et paisible rive de la Dordogne, histoire de faire connaissance avec les élégants et confortables Mini-Bus adaptés pour quinze places.

Claire Théberge invitée à bord d’un élégant et confortable 
Mini-bus du Transport Urbain de Bergerac, Dordogne.

Bien sûr, sur le plan de la cuisine, le Périgord ne donne pas sa place. Il y a les incontournables truffes, cèpes, foie gras, canard, grattons, noix, nous avons un peu abusé après avoir fait les routes gourmandes : la route des vins de Bergerac, la route du foie gras et la route de la noix du Périgord, résultat Claire et moi-même avons pris chacun 3 kilos en trois semaines. Mais il faisait beau et le ciel était bleu.

Nous avons beaucoup aimé parcourir Bergerac, la deuxième capitale du Périgord. C’est une ville séduisante au rythme calme, très provincial. Ce n’était pas toujours évident en visitant la vieille ville, de faire glisser la marchette sur les pavés pour y découvrir ses plus belles demeures à colombages. Mais à cœur vaillant rien d’impossible. Nous recommandons à toute cette solide chaine de fraternité autour de Kéroul, et le monde en situation handicap de la mobilité réduite d’oser changer le mal de place en allant découvrir de nouveaux horizons.

Avec nos amis de Bergerac, par un temps d’automne des vendanges, beau et chaud, nous nous sommes promenés le long  de la large, puissante, généreuse, et pas timide rivière la Dordogne.

Près d’un barrage, nous y avons admirer « un héron au long bec emmanché  d’un long cou » . Ce grand échassier solitaire, patient et habile pêcheur au plumage à dominante grise avec une huppe, est familier des rivages de la rivière Dordogne, il fréquente les milieux humides et peu profonds.

De gauche à droite au premier rang : 
Claire Théberge et  Jean Claude Denogens son époux et proche-aidant. Au deuxième rang : Léon Orwieczka de l’équipe DVB, Maryse Chort et Gilles Amiand amis Bergeracois, 
Nathalie Métivier et son époux Philippe Françoise, du Québec, webmaster du site www.devigneenbouche.org 
et du site www.amoma.ca



Ce bel héron, en habit gris,  familier des rivages de la 
belle rivière Dordogne, ne semble pas être dérangé par ma caméra.

Texte et photos © Jean Claude Denogens

Saturday, November 26, 2016

AU PAYS ENCHANTEUR DE MICHEL DE MONTAIGNE - 1ère Partie

« Il ne convient pas d’aimer le vin modérément :
on pourrait croire que vous tenez ce don de Dieu
pour peu de chose »
   Michel Eyquem de Montaigne, Les Essais

En ce beau samedi 24 septembre 2016, après la charmante réception de mon élection en qualité de nouveau membre élu, au sein de «l’Académie des lettres et des arts du Périgord», (ALAP) tenue au Caveau de la Vinée, Cloître des Récollets, place du Dr Cayla à Bergerac, dans le Périgord pourpre, un hommage à Michel Montaigne s’imposait.                   

Quand on lit Montaigne et qu’on visite le Périgord, on sait en tout cas très bien pourquoi il y revenait et n’aurait pu vivre nulle part ailleurs.

À une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Bergerac, en compagnie de mon épouse et des amis, je suis allé dire merci à cet illustre écrivain et philosophe Michel de Montaigne qui est en quelque sorte le parrain de L’ALAP. Comme me l’a aimablement écrit notre présidente Annie Delpérier. « En ce qui concerne le rapport de l’Académie à Montaigne il est le plus direct qui soit, puisque le Journal de l’Académie, Les Annales de l’ALAP, a été placé sous l’égide de La Tour de Montaigne, et que cette tour symbolise les armes de l’Académie, depuis la naissance de l’institution. Vous aurez remarqué que la médaille de l’Académie est frappée à l’effigie de la Tour de Montaigne, et le Montaigne du peintre José Correa, dans une version contemporaine, orne tous nos diplômes.

Illustration des diplômes de l’ALAP, par José Correa 
Périgourdin d’adoptionpeintre, illustrateur et écrivain français

La philosophie n’est pas la seule raison de venir à  Saint-Michel-de-Montaigne, c’est aussi une jolie et paisible campagne ou l’admirable château, séduit les yeux autant que la Tour de la librairie inspire le cœur. C’est un haut lieu de pèlerinage qui nous interpelle, lors de la visite, nous évoquons la vie pieuse et rigoureuse de ce grand homme, son œuvre et sa philosophie. Nous avons découvert ce monument classé, datant du 14ème siècle, dont l’harmonie et la quiétude inspira le philosophe Michel de Montaigne pour l’écriture de ses  « Essais ». La Tour de la librairie dans laquelle un étroit escalier conduit au cabinet dont les poutres et les solives portent des devises grecques et latines. La Tour a été épargnée par l’incendie qui ravagea le Château en 1885. C’est dans celle-ci que Michel de Montaigne, écrivain, philosophe et politicien du XVIème siècle passait là la plupart des jours de sa vie, et la plupart des heures du jour à méditer, penser et écrire.

La Tour historique de Montaigne
De gauche à droite Claire Théberge, Maryse Chort, Léon Owieczka, 
Jean Claude Denogens en pèlerinage au pays de Montaigne. 
Le Périgord reste l’une des destinations préférées des Français (comme je les comprends) qui trouvent dans cette région une diversité de paysage, où tourisme et gastronomie sont les maître-mots de cette belle Dordogne. Au cours de mes tournées conférences-œnophiles dans le Québec, je m’étais toujours posé des questions sur les nombreux engouements parmi nos membres Québécois envers le Périgord. Je  constate avec plaisir que ces quatre parties du Périgord dans le département de la 

Illustration des 4 parties du Périgord dans le département de la Dordogne.
Dordogne, recense en France le plus grand nombre de richesses patrimoniales, béni des Dieux et bien préservées. Voici les quatre Périgord : LE PÉRIGORD NOIR avec Sarlat, terre des châteaux et de la préhistoire, domine les vallées de la Dordogne et de la Vézère. Les paysages sont restés là, immortellement beaux depuis la nuit des temps. Le long de la vallée de la Dordogne, les châteaux magnifique de Montfort, Beynac, Castelnaud ponctuent le parcours historique que nous suivons sous les beaux jours de fin septembre 2016. Puis voici Nontron PÉRIGORD VERT, pays de l’arbre et de l’eau, qui constitue un véritable écrin de verdure,  vallonné et sillonné d’une multitude de ruisseaux. On y trouve nombre d’églises et de chapelles romanes. Nous entrons dans le PÉRIGORD BLANC avec Périgueux capitale. du département, de cette charmante Dordogne, dominé par la cathédrale Saint-Front de style romanobyzantin. Cette région est riche de panoramas d’une grande beauté, notamment vers Hautefort. C’est le pays des plateaux de calcaire et des larges vallées sillonnées par l’Isle et l’Auvézère. Enfin nous voici au pays de Montaigne et de Cyrano, plus exactement en PÉRIGORD POURPRE, royaume du vin et du tabac, nous sommes dans le Bergeracois. Pays de coteaux et de vignobles dont le célèbre châteaux de MONBAZILLAC. De nombreuses bastides françaises et anglaises évoque pour nous, venant du Québec  une page de l’histoire régionale. C’est donc ce qui en fait une région et un département de France prédestinée des Québécois. Enfant de la vigne Bergeracoise, natif de Saint-Martin-de-Gurson, je faisais remarquer à mon épouse que ma jeunesse s’est passée à une dizaine de Kilomètre du lieu de cet illustre propriétaire-vigneron magistrat et penseur l’auteur des « Essais ».

( archive de l’auteur )
Montaigne philosophe écrivain et grand œnophile
« Le vin est capable de fournir à l’âme de la tempérance :
au corps de la santé »

A propos du vin:

C’est en parcourant les textes que nous a laissés Montaigne que je le situerais dans le problème  qui m’a préoccupé lors du développement naissant de la « science œnophile » : la vigne, par la boisson fermentée qui en sourd, ne fait pas que des tarés, des dégénérés, des criminels et, parmi
ceux qui lui ont témoigné une raisonnable affection, on a pu et peut encore rencontrer des génies fort équilibrés. Et d’abord, il fut propriétaire-vigneron , C’est avec une grande fierté que je le place donc en tête de liste de notre   « Panthéon des œnophiles ».

Toujours dans les Essais « Il n’y a pas un mois qu’on m’a appris que le levain servait à faire le pain et ce que c’était de faire cuver le vin », mais il n’a pas manqué, probe observateur et amateur de vie confortable, de noter, par exemple : « Ma contribution est de ne faire cas de boire qu’après avoir mangé et, pour cela, je bois le dernier coup toujours plus grand. Et parce que, en la vieillesse nous apportons le palais encrassé de rhume ou altéré par quelque autre mauvaise constitution, le vin nous semble meilleur. Voici donc la certitude que Michel Eyquem de Montaigne buvait du vin mais pas de n’importe quelle matière et n’importe quelle quantité. Esthète à sa façon, cet auteur nous a laissé de nombreuses opinions personnelles sur ce sujets. A propos du choix des vins : « La délicatesse y est à fuir et le soigneux triage du vin. Si vous fondez votre volupté à le boire friand, vous vous obligez à la douleur de le boire autrement . Il faut avoir le goût plus lâche et plus libre. Pour être bon buveur il faut un palais moins tendre.»

A propos de la quantité de vin bue :

« Je bois assez bien pour un homme de commune façon (…) Je bois en cinq fois jusqu’à trois demi settiers environ car les petits verres sont mes favoris et il me plaît de les vider, ce que d’autres évitent comme  chose mal séante. » Il est a noter en passant que trois demi settiers de ce temps équivalaient à 0,75 litre de nos jours. C’est-à-dire une bordelaise, ration normale pour 24 heures. Mais si Montaigne dit aimer les petits verres, il convient que ceux-ci soient à son goût : « Je me laisse aller à certaines formes de verres et ne bois pas volontiers en verre commun, non plus que d’une main commune. Tout métal  me déplaît  au prix d’une matière claire et transparente, que mes yeux y tâtent selon leur capacité . »

Il y a là les règles essentielles pour bien déguster un vin n’est-il pas vrai ? Cependant en cette manière d’agir comme en toutes autres qui réglaient sa vie, Montaigne savait « raison garder ».    Il nous le prouve ainsi : « L’ivrognerie, entre les, autres me semble un vice grossier et brutal (…) Le pire état de l’homme est celui où il perd la connaissance et le gouvernement de soi. On dit, entre autres choses, que, comme le mout bouillant dans une barrique pousse en haut tout ce qu’il y a dans le fond, ainsi le vin fait déborder les plus intimes secrets à ceux qui en ont pris outre mesure.» Quelle observation de valeur ! S’il a écrit, ce qui n’est pas toujours exact : « Le vin nuit
aux malades », il a précisé justement ailleurs : « Le vin est capable de fournir à l’âme de la tempérance, au corps de la santé. »

Enfin, pour en terminer, ajoutons que MONTAIGNE a fait de nombreuses constatations économiques, sociales, gastronomiques, même médicales, au cours de son voyage, jusqu’à ce détail savoureux que, atteint de la maladie de la pierre, il souligne que les vins blancs sec lui             
« faisaient pisser ses cailloux sur le chemin ».

Famille et amis une grande joie partagée en Bergeracois à 5000 km du Québec.
De gauche à droite au premier rang : Jean Claude Denogens, nouvellement élu membre de « l’Académie des Lettres et des Arts du Périgord »  Claire Théberge son épouse, Nathalie Métivier de Montréal, épouse de Philippe Françoise

 au deuxième rang : Christiane Tessonneau amie d’enfance, Josiane Barreyre,
Gilberte Mathias Laguillou, Jean-Pierre Barreyre, Léon Owieczka ami de Montréal,  Photo prise dans la cour du Cloître des Récollets à Bergerac le 24 septembre 2016  par Philippe Françoise, Web Master de notre Site.






Sunday, June 12, 2016

SURVOL BACHIQUE DU LANGUEDOC ET ROUSSILLON, ET SES VIGNOBLES DE LUMIÈRE.


«Pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps,
enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin,
de poésie, de vertu, à votre guise.»
                                       (Charles Beaudelaire)

Comme l’a si bien dit l’œnologue et grand œnophile le Dr Jacques Puisais «La France est le pays du vin, la nation des vignerons ; mais, pour le vin, il vaut mieux parler d’une France des régions, des terroirs et des lieux-dits. C’est avant tout une France des hommes. Des goûts, des saveurs et couleurs.»

Pour les vins d’Appellation du Languedoc et du Roussillon, leur nom évoquent le roc et la pierre, ils ont l’accent chantant d’une terre baignée de soleil. Peu de régions viticoles ont connu un tel élan qualitatif ces dernières années. Premier vignoble de France par sa superficie, il constitue la troisième région d’Appellation française.

Le vignoble languedocien s’étend principalement sur quatre départements, de l’Aude au Gard en passant  par l’Hérault et s’étire désormais même vers les Pyrénées-Orientales. C’est sur cette zone géographique que l’on trouve les 18 Appellations d’Origine Contrôlée qui totalisent une surface de 42 800 hectares, pour une production de plus d’1 800 000 hectolitres par an.

Plus d’un vin français sur trois est produit en Languedoc-Roussillon, 5% du vin dans le monde est produit en Languedoc-Roussillon. Les cépages utilisés sont très nombreux, les principaux étant le cabernet-sauvignon, le carignan, le cinsault , le merlot, le mourvèdre, la syrah, le grenache noir et le grenache blanc, le muscat, le bourboulenc, la clairette, ou encore le mauzac et le picpoul. Ces cépages bénéficient d’une grandes diversité des sols, schistes, grès, éboulis calcaires, terrains sablo-argileux, marnes. Dans la diversité des AOC proposées en rouge, rosé, blanc et vins doux, tous connaissent un regain de popularité.

Premier vignoble de France par sa superficie.

Les appellations les plus connues, mes favorites, sont la Blanquette-de-Limoux, le plus  ancien vin effervescent du monde. 
La Blanquette se déguste rafraîchie à 6-7 degrés. Son nez dégage des notes de fruits et de fleurs de printemps avec  des arômes de pomme verte et de miel. Ce vin effervescent peut accompagner tout un repas dans sa version brut, ainsi que les desserts avec le demi-sec. Elle accompagne bien le plat du cassoulet. 

Mon autre coup de cœur le Muscat-de-Rivesaltes, reconnaissable à sa robe or pâle.

Les volumes de cette grande région de France du Sud sont supérieurs à ceux du Chili, de l’Australie, de l’Argentine, ou de l’Afrique du Sud.

«La Gazette des Œnophiles De Vigne en Bouche» est fière de vous présenter toute une nouvelle génération de vignerons qui ont accompli des progrès extraordinaires concernant ces vins du Sud. Le 10 mai 2016 la presse spécialisée Montréalaise a été conviée par la SOPEXA pour célébrer l’arrivée du printemps à la grande dégustation des vins du Languedoc et du Roussillon, qui se tenait dans le superbe salon le Windsor 1170 rue Peel. Il s’agit d’un lieu de rencontre prisé à Montréal, ville de caractère en plein essor. Depuis 1963 que je chronique au Québec, je constate avec plaisir que peu à peu, à force de cheminer ensemble, il s’est tissé entre le vin de France et les Québécois une confiance et un plaisir rassurants. Nous avons eu le plaisir de déguster plus de 200 vins issus de ces terroirs méditerranéens.

Après 30 ans d’efforts, de passion et d’innovation, les vignerons sont fiers de présenter leurs AOC du Languedoc-Roussillon

Quand les Confréries contribuent au succès des vignerons.

L’art de vivre avec les confréries vineuses fut toujours associé à la culture de la vigne et de l’olivier, tant l’une et l’autre plantes sont étroitement liées à la lumière et à la vie de cette région viticole du sud de la France. Les confréries bachiques sont des assemblées de professionnels et d’amateurs de vin, ayant pour objet la promotion des vins de la région qu’elles représentent. 
Ces confréries bachiques jettent un sourire sur nos angoises, elles sont les vertus morales de notre civilisation latine, et avec ces dernières l’œnophilie est un remède contre le vinisme et l’alcoolisme; il faut y voir la sagesse et la modération de boire le vin.
Partout l’art bachique est au service de la vigne et de ses vignerons, rien que dans ce vaste bassin méditerranéen du Languedoc et du Roussillon on dénombre 4 Confréries vineuses qui tiennent  une place de choix parmi les quelques 100 Confréries vineuses de France.

«Ordre de la boisson de la stricte observance des Costières de Nîmes»

Par exemple à Nîmes, département du Gard, pour «l’Ordre de la boisson de la stricte observance des Costières de Nîmes», les qualités bachiques exigées pour être intronisé sont «de ne pas être sot, car ils ont le vin triste, de boire ferme et sec, et de ne pas s’enivrer».

Dans cette franc-maçonnerie rabelaisienne, on ne s’appelait pas «Monsieur» mais «Frère», et cela sous le règne du Roi-Soleil, on ne «buvait» pas le vin, mais on «lampait».
Les œnophiles, ces amoureux qui aiment et honorent le vin, ne peuvent rester insensibles devant cet épicurien désabusé, François de Posquières qui déclarait à ses amis : «Mes frères, le plus grand de mes soins est de n’en avoir aucun, et voici, en peu de mots, comment je m’y prends»:

«Je donne à l’oubli le passé
Le présent à l’indifférence,
Et, pour vivre débarrassé,
L’avenir à la Providence

Fondée par François de Posquière, en 1703; disparue vers 1740; ressucitée en 1968 par la grâce du Syndicat des Vignerons des Costières du Gard. Ces artistes vignerons qui travaillent dur, aiment l’art de vivre autour de leur Confrérie, il leur a fallu attendre 228 ans pour que renaisse de ses cendres une confrérie gardoise qui a fait parler d’elle sous Louis XIV. 

Ainsi avec «l’Ordre de la boisson de la stricte observance des Costières de Nîmes», les vignerons gardois peuvent proclamer haut et fort la qualité des vins issus d’un vignoble de lumière.

Béziersdépartement de l’Hérault, «Antica Confraria de Saint-Andiu de la Galiniera» pour la défense des vignobles de l’Héraut et du Biterrois. Fondation 1140, avril 1605, rénovée en 1967. Le but de la Confrérie est bien simplement de faire mieux connaître les vins de Béziers… Ce n’est pas là une galéjade, mais une réalité. Il est injuste de penser camion-citerne dès qu’on parle des vins de l’Hérault. La Confrérie de Saint-Andiu rappelle aux hommes qu’à Béziers il fait bon vivre, et que les vins sont toujours dignes… du meilleur connaisseur.

Narbonne, département de l’Aude, «Le Consulat de Septimanie» pour la défense et la promotion des Vignobles Narbonnais, Corbières, Minervois, Clape, Quatourze. Fondation en juin 1963. Le nom Septimanie, cette province de jadis doit son nom à une colonie de vétérans de la Septième Légion, venue s’implanter dans la région d’Auguste. Bien entendu, les vins de Corbières? Ce sont ceux dont se régalait sans doute le brave curé de Cucugnan.

«Les vins de Corbières, ceux dont se régalait le brave curé de Cucugnan»

Lézignan-Corbières, département de l’Aude. Lézignan-Corbières, (en occitan, Lesinhan de las Corbières ou de las Corbièiras) est devenu la capitale des vins de Corbières, l’ancien berceau romain de la viticulture. Son climat est tempéré méditerranéen sous influence montagnarde. Son sol est extrêmement varié, les vignobles des Corbières comptent onze terroirs ayant chacun leur particularité géologique. 

Sa superficie plantée est de 13187 hectares. Le nombre de producteurs, 1725. La production est de plus de 551 773 hectolitres, les vins produits, rouges, rosés et blancs, possèdent une grande richesse de couleurs et d’arômes. «On dit d’eux que les rouges sont charnus, les rosés, rosés comme l’aurore ou blancs frais et parfumés comme un matin de printemps sur les garrigues». On les accueille aux accents de «Coupo santo», l’hymne du Languedoc, interprété dans la langue enchantée du bon vieux temps.

Pour promouvoir les Vins du Roussillon, il y a la «Commende Majeure de Roussillon pour garder le devoir et le droit de la vigne et du vin». Fondation : 26 juillet 1374, par lettre patente, le roi Dom Pierre IV d’Aragon confirma ce privilège en instituant cet Ordre. Reconstitué pour le 590e anniversaire de son  institution, le 26 juillet 1964. II y a près de trois millénaires que l’homme cultive la vigne dans le Roussillon, dans ces terres maigres et arides, presque stériles par endroit, recouvertes de cailloux de toutes sortes. 

Que faut-il louer de plus? Tirer de force par le cep, le meilleur de la terre?  Ce vignoble, installé dans un environnement de sécheresse et de chaleur bénéfique pour la vigne, donne des raisins riches en sucre, colorés et sains. L’encépagement traditionnellement est constitué de cépage nobles, Grenache, Macabeu, Malvoisie, Carignan, Muscat

C’est au Palais des Rois de Majorque, que se tiennent les Chapitres de cette très ancienne Confrérie bachique de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Pour mieux souligner la référence au passé, où seule la qualité, la perfection entraient en considération, la Commende Majeure de Roussillon fait revivre dans son vocabulaire tous les éléments historiques ou légendaires d’où sont issus les grands Vins de Roussillon.

L’AOC Muscat-de-Rivesaltes, ma favorite, est produite sur les territoires de Rivesaltes, Banyuls et Maury, soit sur une surface de 5300 hectares, elle produit environ 120 000 hectolitres par an. Pour les vins de cette AOC, seuls deux cépages sont utilisés : le muscat à petits grains et le muscat d’Alexandrie. Reconnaissable à sa robe or pâle, le Muscat-de-Rivesaltes est caractérisé par des arômes muscatés et floraux avec un caractère léger, fruité et fin. Il peut être gardé en cave assez longtemps. J’aime sa robe devenant alors ambrée et son goût montant en puissance avec l’âge. Au repas je l’aime en apéritif, en accompagnement d’une escalope sauce aigre douce, d’une salade de poulet aux agrumes, d’un foie gras aux figues avec mon muscat vieux.

«Ces braves vaches du plateau de l’Aubrac, dont le fromage Laguiole
est un heureux mariage avec le muscat de Rivesaltes blanc»
Mon bon plaisir gourmand, est un Muscat-de-Rivesaltes blanc, avec un  fromage Laguiole, le laguiole, parfois appelé fourme de Laguiole, est une appellation d’origine fromagère française de la région de l’Aubrac à base de lait de vache cru, qui doit son nom au bourg de Laguiole dans le département de l’Aveyron. C’est un fromage à pâte ferme, pressée et non cuite. Sa saveur est inimitable: les braves vaches ont parcouru le haut plateau de l’Aubrac où les herbes dégagent un parfum exceptionnel. 

Le Muscat de Rivesaltes

Le Muscat-de-Rivesaltes, quant à lui, délivre dès les premiers instants des saveurs de fruits exotiques, fruit de la passion, mangue, ananas et une touche d’agrumes, de raisins mûrs. La bouche reste en fête, elle dévoile un très bel équilibre entre l’alcool et la fraîcheur. Ce vin doux est ample et présente beaucoup de finesse.

Selon le Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon. Le département des Pyrénées-Orientales, recèle de nombreux trésors: des paysages variés rivalisant de beauté, un patrimoine architectural important, des traditions et une culture très vivantes. Cinq de nos villages sont classés parmi «les plus beaux villages de France» (Eus, Evol, Mosset, Castelnou et Villefranche-de-Conflent).
«Nos dégustations et chroniques sont un apprentissage des arômes et des saveurs. La consommation d’alcool doit être mesurée. La Gazette des Œnophiles priorise la qualité sur la quantité !»

(Sources : notes de l’auteur et Xavier de Volontat, Président du CIVL)