Saturday, November 26, 2016

AU PAYS ENCHANTEUR DE MICHEL DE MONTAIGNE - 1ère Partie

« Il ne convient pas d’aimer le vin modérément :
on pourrait croire que vous tenez ce don de Dieu
pour peu de chose »
   Michel Eyquem de Montaigne, Les Essais

En ce beau samedi 24 septembre 2016, après la charmante réception de mon élection en qualité de nouveau membre élu, au sein de «l’Académie des lettres et des arts du Périgord», (ALAP) tenue au Caveau de la Vinée, Cloître des Récollets, place du Dr Cayla à Bergerac, dans le Périgord pourpre, un hommage à Michel Montaigne s’imposait.                   

Quand on lit Montaigne et qu’on visite le Périgord, on sait en tout cas très bien pourquoi il y revenait et n’aurait pu vivre nulle part ailleurs.

À une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Bergerac, en compagnie de mon épouse et des amis, je suis allé dire merci à cet illustre écrivain et philosophe Michel de Montaigne qui est en quelque sorte le parrain de L’ALAP. Comme me l’a aimablement écrit notre présidente Annie Delpérier. « En ce qui concerne le rapport de l’Académie à Montaigne il est le plus direct qui soit, puisque le Journal de l’Académie, Les Annales de l’ALAP, a été placé sous l’égide de La Tour de Montaigne, et que cette tour symbolise les armes de l’Académie, depuis la naissance de l’institution. Vous aurez remarqué que la médaille de l’Académie est frappée à l’effigie de la Tour de Montaigne, et le Montaigne du peintre José Correa, dans une version contemporaine, orne tous nos diplômes.

Illustration des diplômes de l’ALAP, par José Correa 
Périgourdin d’adoptionpeintre, illustrateur et écrivain français

La philosophie n’est pas la seule raison de venir à  Saint-Michel-de-Montaigne, c’est aussi une jolie et paisible campagne ou l’admirable château, séduit les yeux autant que la Tour de la librairie inspire le cœur. C’est un haut lieu de pèlerinage qui nous interpelle, lors de la visite, nous évoquons la vie pieuse et rigoureuse de ce grand homme, son œuvre et sa philosophie. Nous avons découvert ce monument classé, datant du 14ème siècle, dont l’harmonie et la quiétude inspira le philosophe Michel de Montaigne pour l’écriture de ses  « Essais ». La Tour de la librairie dans laquelle un étroit escalier conduit au cabinet dont les poutres et les solives portent des devises grecques et latines. La Tour a été épargnée par l’incendie qui ravagea le Château en 1885. C’est dans celle-ci que Michel de Montaigne, écrivain, philosophe et politicien du XVIème siècle passait là la plupart des jours de sa vie, et la plupart des heures du jour à méditer, penser et écrire.

La Tour historique de Montaigne
De gauche à droite Claire Théberge, Maryse Chort, Léon Owieczka, 
Jean Claude Denogens en pèlerinage au pays de Montaigne. 
Le Périgord reste l’une des destinations préférées des Français (comme je les comprends) qui trouvent dans cette région une diversité de paysage, où tourisme et gastronomie sont les maître-mots de cette belle Dordogne. Au cours de mes tournées conférences-œnophiles dans le Québec, je m’étais toujours posé des questions sur les nombreux engouements parmi nos membres Québécois envers le Périgord. Je  constate avec plaisir que ces quatre parties du Périgord dans le département de la 

Illustration des 4 parties du Périgord dans le département de la Dordogne.
Dordogne, recense en France le plus grand nombre de richesses patrimoniales, béni des Dieux et bien préservées. Voici les quatre Périgord : LE PÉRIGORD NOIR avec Sarlat, terre des châteaux et de la préhistoire, domine les vallées de la Dordogne et de la Vézère. Les paysages sont restés là, immortellement beaux depuis la nuit des temps. Le long de la vallée de la Dordogne, les châteaux magnifique de Montfort, Beynac, Castelnaud ponctuent le parcours historique que nous suivons sous les beaux jours de fin septembre 2016. Puis voici Nontron PÉRIGORD VERT, pays de l’arbre et de l’eau, qui constitue un véritable écrin de verdure,  vallonné et sillonné d’une multitude de ruisseaux. On y trouve nombre d’églises et de chapelles romanes. Nous entrons dans le PÉRIGORD BLANC avec Périgueux capitale. du département, de cette charmante Dordogne, dominé par la cathédrale Saint-Front de style romanobyzantin. Cette région est riche de panoramas d’une grande beauté, notamment vers Hautefort. C’est le pays des plateaux de calcaire et des larges vallées sillonnées par l’Isle et l’Auvézère. Enfin nous voici au pays de Montaigne et de Cyrano, plus exactement en PÉRIGORD POURPRE, royaume du vin et du tabac, nous sommes dans le Bergeracois. Pays de coteaux et de vignobles dont le célèbre châteaux de MONBAZILLAC. De nombreuses bastides françaises et anglaises évoque pour nous, venant du Québec  une page de l’histoire régionale. C’est donc ce qui en fait une région et un département de France prédestinée des Québécois. Enfant de la vigne Bergeracoise, natif de Saint-Martin-de-Gurson, je faisais remarquer à mon épouse que ma jeunesse s’est passée à une dizaine de Kilomètre du lieu de cet illustre propriétaire-vigneron magistrat et penseur l’auteur des « Essais ».

( archive de l’auteur )
Montaigne philosophe écrivain et grand œnophile
« Le vin est capable de fournir à l’âme de la tempérance :
au corps de la santé »

A propos du vin:

C’est en parcourant les textes que nous a laissés Montaigne que je le situerais dans le problème  qui m’a préoccupé lors du développement naissant de la « science œnophile » : la vigne, par la boisson fermentée qui en sourd, ne fait pas que des tarés, des dégénérés, des criminels et, parmi
ceux qui lui ont témoigné une raisonnable affection, on a pu et peut encore rencontrer des génies fort équilibrés. Et d’abord, il fut propriétaire-vigneron , C’est avec une grande fierté que je le place donc en tête de liste de notre   « Panthéon des œnophiles ».

Toujours dans les Essais « Il n’y a pas un mois qu’on m’a appris que le levain servait à faire le pain et ce que c’était de faire cuver le vin », mais il n’a pas manqué, probe observateur et amateur de vie confortable, de noter, par exemple : « Ma contribution est de ne faire cas de boire qu’après avoir mangé et, pour cela, je bois le dernier coup toujours plus grand. Et parce que, en la vieillesse nous apportons le palais encrassé de rhume ou altéré par quelque autre mauvaise constitution, le vin nous semble meilleur. Voici donc la certitude que Michel Eyquem de Montaigne buvait du vin mais pas de n’importe quelle matière et n’importe quelle quantité. Esthète à sa façon, cet auteur nous a laissé de nombreuses opinions personnelles sur ce sujets. A propos du choix des vins : « La délicatesse y est à fuir et le soigneux triage du vin. Si vous fondez votre volupté à le boire friand, vous vous obligez à la douleur de le boire autrement . Il faut avoir le goût plus lâche et plus libre. Pour être bon buveur il faut un palais moins tendre.»

A propos de la quantité de vin bue :

« Je bois assez bien pour un homme de commune façon (…) Je bois en cinq fois jusqu’à trois demi settiers environ car les petits verres sont mes favoris et il me plaît de les vider, ce que d’autres évitent comme  chose mal séante. » Il est a noter en passant que trois demi settiers de ce temps équivalaient à 0,75 litre de nos jours. C’est-à-dire une bordelaise, ration normale pour 24 heures. Mais si Montaigne dit aimer les petits verres, il convient que ceux-ci soient à son goût : « Je me laisse aller à certaines formes de verres et ne bois pas volontiers en verre commun, non plus que d’une main commune. Tout métal  me déplaît  au prix d’une matière claire et transparente, que mes yeux y tâtent selon leur capacité . »

Il y a là les règles essentielles pour bien déguster un vin n’est-il pas vrai ? Cependant en cette manière d’agir comme en toutes autres qui réglaient sa vie, Montaigne savait « raison garder ».    Il nous le prouve ainsi : « L’ivrognerie, entre les, autres me semble un vice grossier et brutal (…) Le pire état de l’homme est celui où il perd la connaissance et le gouvernement de soi. On dit, entre autres choses, que, comme le mout bouillant dans une barrique pousse en haut tout ce qu’il y a dans le fond, ainsi le vin fait déborder les plus intimes secrets à ceux qui en ont pris outre mesure.» Quelle observation de valeur ! S’il a écrit, ce qui n’est pas toujours exact : « Le vin nuit
aux malades », il a précisé justement ailleurs : « Le vin est capable de fournir à l’âme de la tempérance, au corps de la santé. »

Enfin, pour en terminer, ajoutons que MONTAIGNE a fait de nombreuses constatations économiques, sociales, gastronomiques, même médicales, au cours de son voyage, jusqu’à ce détail savoureux que, atteint de la maladie de la pierre, il souligne que les vins blancs sec lui             
« faisaient pisser ses cailloux sur le chemin ».

Famille et amis une grande joie partagée en Bergeracois à 5000 km du Québec.
De gauche à droite au premier rang : Jean Claude Denogens, nouvellement élu membre de « l’Académie des Lettres et des Arts du Périgord »  Claire Théberge son épouse, Nathalie Métivier de Montréal, épouse de Philippe Françoise

 au deuxième rang : Christiane Tessonneau amie d’enfance, Josiane Barreyre,
Gilberte Mathias Laguillou, Jean-Pierre Barreyre, Léon Owieczka ami de Montréal,  Photo prise dans la cour du Cloître des Récollets à Bergerac le 24 septembre 2016  par Philippe Françoise, Web Master de notre Site.